Le saviez-vous ?

Le Go se joue sur un plateau contenant un quadrillage de 19 lignes sur 19, appelé "goban", et avec des pions de jeux blancs et noirs, appelés pierres. Pour l’anecdote, ce plateau est considéré comme une mappemonde céleste, les 361 points représentant les 361 jours du calendrier lunaire chinois.

Certains matériels en bois de Kaya, pierres noires en ardoise et blanches en coquillage en font des oeuvres d’art qui atteignent la somme de 150 000 Euros...

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Les "tsumégos" sont des petits problèmes de vie et mort où l’un des joueurs doit capturer l’adversaire. Ils sont essentiels dans le jeu de Go pour l’apprentissage de la lecture de séquence et de la mémorisation.

La taille très approximative de l’arbre des possibilités du jeu de Go est environ de 10 puissance 600 alors que celui du jeu d'Échecs n’est seulement (!) que de 10 puissance 150 environ.

A l’heure actuelle, des programmes informatiques sont créés afin de permettre aux joueurs de Go de jouer contre un ordinateur. Toutefois, malgré le défi lancé par le milliardaire taïwanais ING (1 million de dollars à l’équipe de chercheurs qui parvient à battre le joueur de son choix), et contrairement à ce qui existe aux Échecs ("Deep Blue"), aucun programme n’est parvenu à battre les grands champions de Go.

Aujourd’hui les meilleurs programmes de Go dépassent à peine le niveau d’un joueur de club amateur moyen sur un plateau normal de 19 lignes sur 19. Cependant la marge se resserre puisque cette année 2007 a vu pour la première fois la victoire de Mogo, un logiciel français, sur la professionnelle chinoise Guo Juan dans une partie officielle sur un petit plateau de 9x9 lignes.

L’histoire du Go

Le jeu de Go est apparu en Chine il y a environ 4000 ans. La légende raconte que l’empereur Yao l’aurait inventé pour parfaire l’éducation de son fils et le préparer à la gestion de l’empire.

Le Go est considéré au Japon comme l’un des 4 grands arts à la cour impériale durant la période Edo (1600-1867).

harunobu

Les samouraïs virent dans le jeu de Go un microcosme d'un champ de bataille et l’adoptèrent afin de mieux maîtriser la complexité de leurs problèmes stratégiques.

Quatre grandes écoles de Go furent ainsi fondées sur l’archipel nippon au cours du XVIIIe siècle, et donnèrent naissance au système de classification toujours utilisé de nos jours.

Le titre de "Meijin" ou Maître de Go du Shogun, l’un des titres les plus enviés, vient du 4ème directeur de l’école Honinbo, Meijin Dosaku, considéré par beaucoup comme l’un des plus grands joueurs de tous les temps. Même si seules 153 de ses parties ont été conservées, il est entré dans l’Histoire comme le plus grand théoricien du Go.

Au début du XXe siècle, lors de la bataille finale de Murken, qui oppose les Russes aux Japonais, le Maréchal Oyama plaça avantageusement ses pièces, de sorte que la stratégie d’enveloppement, caractéristique du jeu de Go, permit une brillante victoire nipponne.

Sun-tzu s’inspira du Go pour établir sa doctrine de "l’Art de la Guerre". Le Sage de la guerre affirmait  :  "Le comble du savoir-faire ne consiste pas à remporter toutes les batailles, mais à soumettre l’armée ennemie sans livrer bataille". Il propose une stratégie dont l’étude "permet d’analyser la guerre pour défendre la paix et pour opposer une guerre juste à une guerre d'agression".

Conficius mentionne également le Go dans ses entretiens.

Le Go en France

1968 est la date officielle de l’introduction du Go en France : quelques joueurs se retrouvent dans l'arrière-boutique d’un magasin...

En 1970, l’Association Française de Go est créée, et organise le 1er championnat de France de la discipline. Le championnat d’Europe de 1974 est gagné pour la première et unique fois par un français, Patrick Merissert.

En 1991, la FFG subventionne le premier voyage d'étude du jeu de Go au Japon à Farid Ben Malek, un jeune joueur parvenu aujourd'hui au niveau le plus haut, 5ème Dan amateur.

Au 41e Congrès Européen de Go, organisé par la FFG en 1997, plus de 800 joueurs avaient participé, constituant un record de participation. La France recevra de nouveau ce Congrès Européen en 2011 à Cannes avec une affluence attendue exceptionnelle pour cet événement incontournable en Europe.

En 2004 Bernard Helmstetter représentant la France se classe quatrième aux championnats du monde amateur.

Le jeu, avec l’aide de la fédération, se développe de façon exponentielle en France avec 300 licenciés en 1981, 1400 en 2005 et 1700 licenciés en 2007.

La finale du championnat de France 2004 voit la victoire de Benjamin Papazoglou, 17 ans, le plus jeune champion de France de l’histoire du Go. Benjamin a par la suite remporté le championnat d’Europe Étudiant et le Championnat d’Espagne en 2007.

En 2006, Fan Hui, 2ème dan professionnel et meilleur joueur en Europe, devient salarié à la FFG comme pédagogue national.

En France, une vingtaine de clubs scolaires sont déjà créés, sous l’impulsion de la Fédération Française de Go. Ils sont principalement situés à Paris, Toulouse, Strasbourg et Marseille.

En novembre 2007, l’équipe Myrtille Cristiani et Paul Drouot termine 10ème au Championnat du monde amateur de Pairgo à Tokyo.

Le Go aujourd’hui

Le jeu de Go s’appelle Weiqi (prononcer " wetchi ") en Chine, Baduk en Corée ou Igo au Japon.

On estime à 50 millions le nombre de joueurs de Go dans le monde, dont 1 million en Europe.

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La Corée compte 10 millions de joueurs de Go pour 45 millions d’habitants. Avec la Chine (25 millions) et le Japon (15 millions), ce pays représente la quasi-totalité des joueurs mondiaux.

Baduk-TV, la télévision de Go coréenne compte 5 millions d’abonnés.

Makoto Tsuda, ancien conseiller financier de la société Glaverbel, reconnaît que le jeu de Go joue un rôle non négligeable au niveau de la stratégie du groupe Mitsubishi et de sa filiale Asahi Glass dont il est appointé.

En Corée, il existe 300 écoles de Go, comprenant chacune une centaine d'étudiants. Dès 4-6 ans les enfants dont les parents le souhaitent sont pris en charge par les écoles de Baduk et en quelques semaines leur attitude change complètement. Ils sont capables de se concentrer pendant longtemps sur une même tâche et de la mener à bien.

Le Go étant considéré en Asie comme un sport intellectuel, ils emploient les méthodes utilisées dans l'apprentissage d’une activité sportive. Dans l'école de Go on entraîne les capacités psychiques, intellectuelles et psychologiques (l'analyse, la compréhension et la compétition) pour former les futurs champions.

Il existe de nombreux serveurs de jeu sur Internet, sur lesquels vous pouvez jouer 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les plus importants sont IGS-Pandanet, KGS, No Name Go Server, Zone.com, Yahoo!.games.

Un article sur Agoravox.com du 4 mai 2007 analyse la présidentielle 2007 au travers d’une partie de Go.

Le Coréen Lee Chang-Ho domine le Go mondial et détient 5 des 7 plus grands titres internationaux masculins, avec des gains annuels proches du million de dollars.

Depuis 1988, la Corée a remporté 41 des 54 plus grands tournois internationaux, contre 10 pour le Japon et seulement 3 pour la Chine.

Le Championnat du monde amateur 2007 a été remporté par une chinoise, âgée seulement de 13 ans !

La philosophie du Go

"La vie est une partie de Go dont les règles ont été inutilement compliquées". Proverbe chinois

L’une des caractéristiques du Go est qu’il est simple et rapide d’apprendre à y jouer : quelques dizaines de minutes suffisent pour connaître toutes les règles et commencer à réaliser de vraies parties.

Souvent surnommé " le jeu du yin et du yang ", le jeu de Go est en effet complètement intégré à l’univers du Tao dont il constitue la déclinaison ludique et stratégique.

Récemment, le jeu de Go a retenu l’attention de nombreuses études stratégiques, militaires bien sûr, mais aussi économiques et commerciales : de nombreux auteurs (japonais, chinois, occidentaux...) y ont vu l’une des clés pour comprendre les modèles de la réussite économique asiatique.

Le cabinet de conseil en stratégie Kea&Partners utilise le jeu de Go pour aider les managers dans leur travail. Il leur propose de les initier au Go et de leur montrer à travers une étude des analogies entre le management d'entreprise et le jeu de Go, ce qu'ils peuvent en retirer.

L’analyse de conflits armés en termes de Go se retrouve dans la littérature politique, militaire et d'entreprise : Mao fait explicitement référence au Weiqi, et Boormann, dans son livre " Go et Mao " analyse la révolution chinoise. De même, la théorie du linkage de Kissinger, bien que ne faisant pas référence au Go, exprime un de ses principes fondamentaux de stratégie...

" Aujourd’hui de nombreux spécialistes de l’Asie sont convaincus que c’est dans les qualités et les vertus propres d’un jeu comme le Go, en tant que modèle culturel et de comportement, qu’il faut chercher aussi l’explication de l’émergence du succès économique du Japon, de la Corée, et de la Chine à l’échelle de la planète ? " (Reysset, 1995).

" Les règles du Go sont si élégantes, organiques et rigoureusement logiques que s’il existe quelque part dans l’univers une forme de vie intelligente, elle doit certainement y jouer " (Emanuel Lasker, champion du monde d'échecs).

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